Le Troisième homme Édition du 75e anniversaire 4K : le chef d’œuvre absolu du film noir britannique (en UHD et Blu-ray) (2024)

Note artistique :(5/5)

Synopsis

En 1949, un auteur américain, Holly Martins, arrive dans la Vienne de l'après-guerre pour faire un travail de propagande pour son vieil ami Harry Lime. Ce dernier prétend diriger un hôpital de bénévoles dans la ville. Puis son ami se tue dans un accident de la route. Lorsqu'il rencontre Calloway, chef de la Police militaire britannique à Vienne, il apprend que Lime était en fait un racketteur.

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Commentaire artistique

Le Troisième homme, réalisé par Carol Reed en 1949, a été écrit par Graham Greene qui publiera son scénario sous la forme d’un court romanen 1950 tandis qu’Orson Welles se bornera à écrire ses rares scènes. Pour une meilleure connaissance de la production du film, outre un livret proposant quatre essais fouillés sur le tournage et les acteurs, les cinéphiles auront tout intérêt à visionner le film documentaire très complet de Frederick Baker donné en bonus. C’est en connaissance de cause, ayant été espion pendant la Seconde Guerre mondiale, que Graham Greene va utiliser pour son intrigue le thème de l’escroquerie à la pénicilline frelatée qui exista vraiment dans les hôpitaux de Vienne en 1948. Le choix de la ville semble répondre aux personnalités du producteur Alexander Korda et de l’auteur Graham Greene qui ont été tous deux actifs dans l’Intelligence Service et qui ont été forcément concernés par une ville sous contrôle allié imprégnée par les tensions de la guerre froide. En plus de ses indéniables qualités dramatiques de thriller noir,Le Troisième hommedépeint avec lucidité la corruption endémique et la criminalité qui sévissaient dans la capitale au sortir de la guerre. Chef-d’œuvre absolu du film noir britannique, le film sera justement récompensé par le Grand Prix (future Palme d'or) du Festival de Cannes en 1949. Tourné sur place à Vienne, métropole autrichienne subdivisée en quatre secteurs d’occupation par les alliés, Le Troisième hommealigne toutes les composantes d’une œuvre exceptionnelle: la qualité d’écriture de l’intrigue et de ses personnages, la maitrise de sa mise en scène, l’originalité et la beauté de sa photographie signée Robert Krasker (Oscar de la photographie), un atout majeur du film, et l’omniprésence de sa musique inoubliable, improvisée à la cithare par Anton Karas. Incarnés par une brochette de comédiens d’exception, Joseph Cotten (Holly Martins, l’américain naïf qui découvre la ville européenne au lourd passé, Trevor Howard (major Calloway), Bernard Lee (sergent Paine) et Orson Welles (Harry Lime), et une actrice remarquable, Alida Valli (Anna), Le Troisième hommea aussi pu compter sur des seconds rôles pittoresques joués essentiellement par des autrichiens: Siegfried Breuer (Popescu), Ernst Deutsch (baron Kurtz), Erich Ponto (Winkel), etc., à l’exception de Wilfrid Hyde-White (Crabbin) qui était britannique. La ville est filmée avec l’authenticité d’un documentaire en partie influencé par l’expressionisme allemand avec ses angles cassés inhabituels, dit plans hollandais (pour créer le malaise), et ses éclairages tranchés aux ombres inquiétantes, comme le célèbre plan du visage d’Orson Welles sortant de l’ombre et brusquement éclairé. Le tournage nécessitera trois équipes de tournage simultanées (nuit, jour, égouts), toutes dirigées par Carol Reed! La célèbre séquence de poursuite finale dans les égouts a été filmée dans le Wien Kanal et ses nombreux tunnels... sauf les gros plans d’Orson Welles photographiés en studio à Londres car la star refusa de descendre dans les boyaux souterrains. Intrinsèquement très sombre, Le Troisième hommemêle une enquête aux ramifications énigmatiques et complexes à une atmosphère baignant dans la désillusion teintée de traitrise et d’amour interdit sur fond de choc culturel concrétisé par cet américain découvrant les étrangetés de la vieille société européenne. Parfois controversé pour son classicisme codifié et son récit hitchcockien, Le Troisième hommeest néanmoins une réussite à tous les niveaux, évoquant à la perfection l’atmosphère unique de cette ville encore en délabrement, aux ruelles sordides et aux éclairages suggestifs, et les imbrications d’une intrigue captivante magistralement concoctée par Graham Greene, maitre dans l’art de cultiver les non-dits et les sous-entendus. Si les bonus de cette édition UHD n’ont rien de nouveau, reprenant ceux du BRD sorti en 2015, la vision du film en 4K parfaitement restauré impose désormais son acquisition pour tout cinéphile et admirateur du chef-d’œuvre de Carol Reed. Admirable.

Commentaire technique

Version restaurée en 2015 en 4K à partir d'une copie positive grain fin du négatif original (qui a disparu) sur un scanner Arriscan 4K (cf. bonus)

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Image: copieHD, 4K natif, magnifique définition avec un piqué stupéfiant sur les gros plans de visage et sur les détails, la texture argentique de la pellicule est conservée avec un grain régulier naturel (tournage en 35 mm, Master Format 4K restauré en 2015), copie stable très bien nettoyée et exempte de défaut, gestion remarquable du contraste en HDR10 qui restitue sans jamais les affadir les éclairages tranchés saisissants de Robert Krasker, noirs profonds, densité régulière avec quelques infimes variations, blancs nuancés jamais brulés, gamme des gris harmonieuse et somptueuse, compression impeccable

Son: mixageanglais 2.0 monophonique, voix claires et équilibrées, pas de distorsion mais un léger souffle, belle dynamique sur les effets sonores et sur la célèbre composition à la cithare d’Anton Karas; VF claire et dynamique mais datée et absolument artificielle, mal intégrée aux ambiances